Cape Wrath Trail, une bien belle semaine en fait !

Après avoir pris mon petit déjeuner face au Loch, je quitte l’auberge à 9h30. Pour ne pas avoir à refaire les quelques miles de la veille le long de la route, je fais du stop. La première voiture qui passe me prend et me dépose à Morvich d’où je prends le sentier à 9h40. C’est une affaire qui roule ! Le temps est nuageux mais on aperçoit quelques coins de ciel bleu. Une fois n’est pas coutume, le sentier est bien existant et bien balisé puisque je dois passer par les chutes de Glomach, les plus hautes du Royaume-Uni et qui constituent visiblement une destination de balade à elles-seules. Du coup, j’avance bien et sans trop avoir à réfléchir. La preuve que le sentier est fréquenté est que je double un groupe de 4 personnes vers le début et croise un couple en fin de matinée. Tellement de monde, j’en ai le vertige (en fait, c’est même carrément la première journée depuis le début où je croise du monde !).

Un peu après midi, je suis au chutes et en profite pour faire ma pause déjeuner. L’endroit étant un peu encaissé, je suis abritée du vent, même si parfois des rafales me brumisent une partie de l’eau censée tomber des chutes. Puis, je repars sur le sentier qui descend dans la gorge. Bon, après avoir descendu 20 mètres, je me trouve à un joli point de vue sur la chute mais, surtout, à un cul de sac. Visiblement, ce n’est pas par là qu’il fallait repartir. Je remonte donc et arrive à trouver mon propre sentier, en effet beaucoup moins visible.

Mon sentier suit la gorge et traverse quelques petits torrents. L’occasion de me faire retourner comme une crêpe par une rafale de vent alors que je suis en équilibre sur un rocher au milieu de l’un d’eux. Je décide que je ne mettrai pas un pied à l’eau et par une belle manœuvre de glissé/pivot, accompagnée d’une superbe flexion des bras pour amortir mon aplatissage sur un autre rocher, je m’en sors. Bon, l’amortissement était cependant un peu mou puisque mon appareil photo, rangé dans son fourre-tout sur ma poitrine vient faire un magnifique « crac » sur ledit rocher. Un contrôle un peu plus tard me permet de voir que le cache de l’objectif s’est enfoncé (je l’enlèverai au couteau suisse) et que le filtre UV est complètement défoncé. La lentille de l’objectif, elle, reste nickel. De toute façon, un appareil photo c’est fait pour vivre des aventures, pas pour rester bien à l’abri au fond d’un sac !

Mon sentier me mène finalement à un fond de vallée où je retrouve un chemin plus large qui longe le Loch, puis la rivière, avant de remonter vers des petites hauteur et passer un petit col. Le temps est toujours variable et les grosses averses venteuses alternent avec de belles éclaircies. Par contraste avec la « foule » du matin, je suis de nouveau absolument seule dans un large panorama.

J’arrive finalement en vue de mon bothy quotidien, celui de Maol Bhuidhe, petite maison blanche face au Loch et à la montagne. Ça fait envie mais il reste un petit obstacle à franchir avent de pouvoir m’y installer. Ah ben oui, y’a la rivière à traverser, zut. Je parcours un peu la rive vers l’aval et vers l’amont afin de me décider sur la façon de traverser. Finalement, je trouve un passage qui me paraît bien et je tente le coup sans enlever les chaussures. Je passe l’obstacle sans soucis et me voici donc installée dans ma petite chambre. Je fais brûler un peu d’allume-feu et de journal dans l’espoir d’allumer l’unique bûche semi calcinée du refuge mais ça fait long feu, hélas. J’étale tout de même mes affaires pour qu’elles sèchent un minimum. Dehors, les conditions météo se dégradent et la pluie et le vent se font plus présents.

Le lendemain matin, il pleut toujours lorsque je me réveille. Mais la pluie s’arrête au moment où je pars. Je prends le sentier vers le sud et, à quelques centaines de mètres du bothy me voici à devoir traverser une rivière. J’avais espéré un gué praticable de caillou en caillou mais je dois me résoudre, après avoir bien réfléchi, au fait que ça ne va pas être possible comme ça. Après quelques hésitations, je me décide donc : hop ! en petite culotte et en crocs et c’est parti. Je dois avoir l’air fine dans cette tenue avec mon sac sur le dos… Ceci dit, je fais bien car le courant est fort et j’ai de l’eau jusqu’aux cuisses. L’eau est super froide et je dois encore marcher un peu avant de pouvoir me rhabiller car le terrain tient plus du marécage que de la terre ferme une fois la rivière traversée.

Une fois rhabillée, je me réchauffe assez vite et c’est parti plein ouest, en longeant la rivière. Le temps ne fait que s’améliorer et est globalement à l’éclaircie, malgré quelques petites averses. La pluie de la nuit était en fait de la neige un peu plus haut et les sommets environnants montrent un petit voile blanc du plus joli effet. Par contre, le chemin est bien chiant. En fait, il n’y a pas de chemin. C’est l’habituel marécage, avec les mottes de mousse traîtres qui se dérobent parfois sous mes pas pour laisser la place à des trous d’eau.

Je finis par rejoindre un chemin un peu plus marqué qui rejoint plus tard un vraie route de gravelle. J’en profite pour m’arrêter déjeuner, en profitant de la vue superbe. A partir de là, je n’ai plus qu’à suivre la route, d’un bon pas, d’autant plus que je sais que c’est là ma dernière journée.

Lorsque de ma route de gravelle je commence à apercevoir le Loch, j’ai toutefois une petite inquiétude. Certes, je suis globalement allée dans la bonne direction par rapport à ma carte mais je ne devrais pas voir le Loch, encore moins me diriger vers lui puisque je suis censée aboutir à l’embouchure de la rivière qui s’y jette, plus à l’ouest. Ceci dit, je vois à peu près où je suis mais je ne comprends pas comment j’y suis arrivée et comment je vais rejoindre ma destination théorique puisque je suis visiblement sortie de l’étendue de ma carte.

J’arrive finalement aux jardins d’Attadale, définitivement pas indiqués sur ma carte. Heureusement, ils sont semble-t-il un haut lieu touristique et, sur le parking, une belle carte du coin est affichée. Elle me permet de voir que je suis à environ 4 ou 5 km de Strathcarron et que le seul moyen de m’y rendre maintenant est de marcher le long de la route. Et bien allons-y alors. Les bas côté ne sont pas bien larges mais la circulation reste raisonnable et je fais bien gaffe (les quelques voitures arrivent en effet assez vite). Un peu après 16h30, je suis donc à Strathcarron et m’enquiers à l’hôtel local des disponibilités. Il n’y a plus de single room, je me rabats donc sur une double un peu plus chère. La vue de ma chambre est plutôt sympa (pas les maisons au premier plan, les montagnes).

Je me paie le luxe d’un burger au resto de l’hôtel et profite d’une très bonne nuit. Le lendemain, je quitte l’hôtel pour aller à la gare, juste en face. C’est le genre de gare qui a un certain charme, la vue pendant l’attente est plutôt sympa et quelques moutons font une bande sonore tout à fait adaptée.

Le trajet de la voie de chemin de fer est également joli et offre de belles vues sur les montagnes. Nous passons près de quelque hordes de cerfs, ce qui enchante un australien de mon wagon. Moi, je trouve ça chouette mais je suis un peu plus blasée avec tout ceux que j’ai vu en une semaine.

J’arrive à Inverness en milieu d’après-midi. L’office de tourisme me recommande une auberge qui s’avère en effet très peu chère et très sympa. Petite balade en ville et soirée tranquille. Je passe chez Marks & Spencer me prendre de quoi manger. Mon beau morceau d’agneau grillé et sa poêlée de légumes font quelques jaloux dans la cuisine de l’auberge (et je me régale).

Le vendredi, la journée se passe entre réveil tranquille, bus puis petite balade dans Glasgow où j’ai pris une nuit en auberge également. Samedi, avion retour ! Dans l’avion, je repère les randonneurs, c’est ceux qui se reniflent entre eux en trouvant qu’ils puent. Bien deviné, un couple près de moi s’est fait une partie de la West Highland Way. A parler avec eux, je n’ai aucun regret sur mon choix d’itinéraire. Visiblement ils ont eu surtout de la route de caillasse qui leur a bien tué les pieds et des paysages moins sauvages que ce que j’ai eu. Il faut aussi avouer qu’ils m’avaient l’air chargés comme des bœufs, ce qui n’a pas du aider à leur bien-être. Mais bon, globalement pour moi : de bien belles vacances.

Je suis presque étonnée, vu les conditions que j’ai eu, aussi bien météorologiques que concernant l’état des chemins, de ne pas en avoir eu ras le bol un seul instant. Randonner toute seule, c’est chouette en fait, on fait absolument ce qu’on veut, en terme de rythme, d’itinéraire, d’horaires et ça allège énormément le poids des emmerdes potentielles. Si je devais changer quelque chose, je prendrais peut-être une couche thermique de plus, je n’ai pas eu chaud le soir en général. Pour le reste : nickel !

Et pour la lecture, histoire d’être dans l’ambiance Highlands, je recommande Robert Louis Stevenson « Kidnapped » (un peu ardu en vo, je ne suis pas encore complètement fluent en écossais…) et, pour la suite, juste pour le plaisir de connaître la fin de l’histoire même si l’intrigue se passe alors plutôt à Edimburgh et sur le continent, « Catriona ».

Voilà, voilà !

4 Comments

on “Cape Wrath Trail, une bien belle semaine en fait !
4 Comments on “Cape Wrath Trail, une bien belle semaine en fait !
  1. Je dirais aussi des sacs un peu plus hérmétiques pour pas se faire boulotter le choco par les souris? (d’ailleurs, la semaine dernière, j’en ai chopé deux à la maison, j’ai pensé à toi…)
    Très chouette voyage en effet, malgré la météo un peu aléatoire… Enfin tu t’es aussi payée de belles frayeurs!

    • Des sacs hermétiques n’auraient rien changé, il faut juste suspendre systématiquement la bouffe, c’est le seul moyen de la protéger.
      Et je me suis plus marrée que je n’ai eu peur !

  2. Très beau CR de rando…dommage de ne pas avoir « tenté ». C’est le troisième CR que je lis sur ce parcours et la pluie semble en effet une constante…
    Les bothys semblent une bonne alternative quand même, même si le combustible n’est pas approvionné régulièrement.
    J’envisage de faire la WHW et le CWT en 2015, peut etre à l’automne malgré le risque de midges…
    J’ai bien aimé la forme que vous avez donnée à votre texte…un régal. Bravo et merci pour tout ça.

    • Merci beaucoup 🙂
      J’avoue que je me tâte pour me refaire une semaine au printemps prochain, sur la suite du parcours… J’emporterais bien évidemment une tente et construirais de nouveau mon parcours en fonction des bothys, au cas où.
      Pour les midges, à l’automne ça devrait être bon, elles ne seront plus là normalement.

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