Les Hautes-Terres-du-Cap-Breton

Réveillées encore une fois aux petites heures, nous reprenons la route, de façon plus buissonnière cette fois-ci, en direction de l’île du Cap Breton.

Une fois sur l’île, nous empruntons la Ceilidh Trail déjà très jolie, mais notre vrai objectif c’est la Cabot Trail et ses panoramas spectaculaires. Après une petite hésitation, nous décidons de pousser jusqu’au parc des Hautes-Terres-du-Cap-Breton dès le premier jour au lieu de dormir à Inverness. Quelques arrêts points de vue sur la route plus tard, nous nous arrêtons planter la tente à Chéticamp, dans le camping à l’entrée du Parc, en choisissant d’y rester pour deux nuits. Nous avons préétabli un programme de randonnées pour les trois journées que nous allons passer là en essayant de bien équilibrer paysages spectaculaires et observation de la faune.

Mardi matin, nous commençons donc par la randonnée l’Acadien, en démarrant par une montée par les bois près d’un ruisseau (l’occasion de croiser un crapaud) qui nous amène sur un plateau où la végétation devient tout de suite plus nordique : bleuets et épinettes prennent le relais de la forêt d’érables et de bouleaux. Pas d’ours dans les parages mais nous aperçevons notre premier aigle à tête blanche. Nous arrivons finalement sur des petits belvédères qui nous offrent une vue superbe sur Chéticamp, le golfe du Saint Laurent et la petite vallée par laquelle nous sommes arrivées.

Une fois redescendues, bien que l’heure du déjeuner soit là, nous décidons de faire quelques kilomètres et allons pique-niquer sur une petite aire en bord de mer.

La randonnée de l’après-midi est censée être le clou du Parc, qualifiée d’incontournable dans tous les guides, c’est la Skyline. Une boucle de trois heures pas bien difficile et qui nous amène à 400 mètres d’altitude sur un promontoire avec une vue plongeante sur la mer. Le guide du Parc indique qu’on peut y croiser ours, orignaux, aigles à tête blanche et qu’on peut apercevoir des baleines. Une fois au promontoire, perchées sur un petit ponton de bois qui serpente au milieu des bleuets et des crottes d’ours, malgré le vent et les quelques gouttes de pluies qui tombent, nous décidons de rester un peu et de guetter les baleines. Hélas, nous nous lassons avant que l’une d’elle ne se décide à pointer son nez (ou au moins son souffle) hors de l’eau. Nous repartons, très contentes de la vue, mais un peu déçues que la balade n’ait pas tenu ses promesses fauniques. C’est sans compter sur la chance qui, alors que nous sommes seules sur un bout de chemin du retour vers la voiture, nous fait presque tomber nez à nez avec un orignal. Pas perturbé pour un sou, il nous laisse l’observer au moins cinq bonnes minutes avant de traverser le chemin devant nous et de disparaître dans les bois en contrebas. Toutes ragaillardies par cette rencontre, nous décidons d’un commun accord que même si la journée n’est pas terminée, elle est réussie et que ça valait le déplacement depuis Montréal.

Sur le chemin du retour vers le camping, en bonnes touristes, nous nous arrêtons religieusement à toutes les mini aires de repos de la route qui offrent des points de vue magnifiques sur la côte et la Cabot Trail.

Le lendemain matin, nous remballons la tente et reprenons la route vers le nord. Parce que la lumière du matin, surtout avec le brouillard, est différente de la veille, nous nous arrêtons de nouveau à bon nombre des points de vue de la veille.

Nous dépassons le départ de la Skyline, mais nous arrêtons dans plusieurs points d’intérêt : petit lac, tourbière avec plantes carnivores, panoramas sur la forêt et la mer, etc. A l’approche de Pleasant Cove, un super point de vue nous permet même d’apercevoir le souffle de baleines au loin, que quelques bateaux de touristes nous ont aidé à repérer. Bien que le village soit charmant, nous ne nous attardons pas, ayant prévu une belle randonnée plus loin : le Belvédère des lacs Glasgow. Nous arrivons au point de départ en fin de matinée et nous voici parties à grimper sous la chaleur, dans un coin isolé où nous sommes probablement les seuls randonneurs. Mitigées entre le souhait et la crainte de tomber nez à nez avec un ours, nous nous équipons de nos clochettes « anti ours ». Nous croisons des crottes d’animaux variés, pas mal de serpents, des traces d’orignal et de coyotes, mais pas de rencontre marquante. Par contre, arrivées au belvédère en question, la vue est magnifique. Une végétation marquée par les hivers rigoureux s’étend à perte de vue, les lacs reflètent le bleu du ciel et on aperçoit même l’Atlantique. Nous finissons par rentrer et avaler tardivement notre pique nique bien mérité. D’autant plus que la journée n’est pas terminée.

Nous reprenons la voiture et nous rendons au lac Jigging Cove, pour lequel le guide du Parc se contente d’un descriptif expéditif : « Faune ». Le coin est très joli, mais à part des crottes d’orignal, pas trace de faune. Tant pis. Notre arrêt suivant est Green Cove, un petit cap rocheux tout rose où il fait bon s’asseoir pour profiter du soleil et de la vue sur l’océan.

Et histoire d’enrichir encore un peu notre programme de la journée, nous ajoutons les chutes Mary Ann, accessibles via 6km de route non pavée et situées dans un très joli coin.

Après cette journée bien remplie, nous nous installons au camping de Broad Cove et avons même le courage de nous rendre au petit spectacle donné dans l’amphithéâtre sur le thème du respect de la nature et des Parcs.

Jeudi matin, nous démarrons aux aurores : dès 7h, nous voici au départ du tour du Lac Warren. Il n’y a pas un chat, les eaux sont d’un calme plat sauf, au bout d’une vingtaine de minutes de marche, quelque chose qui semble fendre l’eau. On s’arrête, on observe. Un orignal ! Il n’est pas tout proche mais on le voit nettement sortir de l’eau, s’ébrouer et finalement disparaître derrière un bosquet. Nous passons les dizaines de minutes suivantes à guetter avidement mais il ne réapparaîtra pas. Les écureuils et pics-verts sont par contre de la partie.

Fortes de ce premier succès matinal, nous attaquons l’ascension du Mont Broad Cove tout proche. Un balbuzard salue notre arrivée au sommet de ses cris et nous gratifie d’un passage au dessus de nos têtes.

Il n’est même pas 11h du matin et nous entamons ensuite la randonnée Franey. Avec une montée tout aussi abrupte que la précédente mais un peu plus longue, nous nous faisons avoir plusieurs fois par des faux sommets. Ce qui n’empêche que la vue vaut l’effort. Nous sommes également impressionnées par les changements de végétations, nous passons d’un sommet rocheux à un replat marécageux en quelques minutes sans que nous ayons pu soupçonner ce second. Nous retrouvons la voiture vers 14h, exténuées et affamées.

Après déjeuner, ayant retrouvé un peu de vitalité, nous décidons de maintenir la balade prévue au Lac Freshwater, et montons même au belvédère. Bien nous en prend : nous apercevons dans l’eau un huard et, près d’un ruisseau, le bruit de nos pas fait fuir un vison que nous avons tout de même le temps de reconnaître clairement. Nous avons même droit aux cris de coyotes dans le lointain.

De retour au camping, je décide de marcher encore un peu pour au moins aller voir l’embouchure de la rivière et la plage mais nous en profitons surtout pour prendre une douche et nous reposer un peu… avant de repartir. Eh oui, puisque la chance nous a souris ce matin, nous retournons dîner à la plage du Lac Warren dans l’espoir d’apercevoir de nouveau un orignal au crépuscule. Mais nous faisons choux-blanc, profitant toutefois d’un calme complet et d’un magnifique coucher de soleil sur les montagnes et les eaux du lac.

Vendredi matin, nous quittons le Parc des Hautes-Terres-du-Cap-Breton. Nous prenons le chemin des écoliers pour quitter l’île, empruntant pour quelques kilomètres la Bras d’Or Lake Trail. Une fois sortie de l’île du Cap Breton, nous traçons en prenant l’autoroute jusqu’au ferry vers l’Île du Prince Édouard. Nous sommes plutôt chanceuses et n’avons à l’attendre qu’une heure.

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