Lors de mon précédent séjour, nous avions fait l’impasse sur cet incontournable qu’est le parc national de Skaftafell : pas assez de temps, trop de monde. Cette fois-ci, il était au programme.
Nous avions le choix entre deux points de chute : soit le grand camping près du centre d’accueil du parc, cher, avec les douches payantes et pas de cuisine, soit le charmant petit camping de Svinafell, avec douches libres même si peu nombreuses et grande cuisine/salle à manger mais situé à 7km de l’entrée du parc de Skaftafell… Au vu du temps médiocre et de nos arbitrages budgétaires, nous avons opté pour la deuxième solution.
Arrivée donc par le bus quotidien en fin de matinée. Il se trouve que la salle à manger du camping sert à des groupes en excursion à la journée. Après être allés marcher sur le glacier, ils viennent grailler un bout ici. Et ils ont un sacré buffet qu’ils entament à peine. N’ayant pas le coeur au gâchis, leurs restes font la joie de nos ados (et un peu de l’équipe, admettons-le). C’est sûr que ça améliore notre ordinaire.
Le camp installé et nos ventres repus, la majeure partie du groupe part en balade en direction de la langue de glacier homonyme du bled où nous sommes : Svinafelljökull. Le glacier Vatna (Vatnajökull, donc, si vous avez tout suivi) est le plus grand glacier d’Islande (et d’Europe) et couvre quelques volcans dont le plus connu, en ce moment, est le Bárðarbunga. Chacune de ses langues qui tombent de tous côtés à son petit nom à elle. Après avoir suivi un peu la route 1, puis avoir bifurqué sur une piste de terre, nous arrivons donc à Svinafelljökull. Il y a bien sûr quelques nuages mais qui se découvrent de temps en temps suffisamment pour laisser voir les séracs qui tombent très raides des flancs de la montagne.
Le bas du glacier étant facilement accessible et peu crevassé, nous allons même y faire quelques pas, pour la grande joie de certains ados qui n’ont jamais eu l’occasion de fouler la glace de cette façon.
A part quelques cordées de touristes au loin sur la glace, nous ne croisons pas un chat, ce qui est bien agréable. Le retour se passe aussi facilement que l’aller et nous profitons de notre soirée au camping.
Le lendemain, c’est notre grosse journée sur place : nous nous rendons à Skaftafell proprement dit. Il faut déjà compter 7km aller simple le long de la route 1. Il y a un peu de circulation mais ça le fait, le bas côté est en partie praticable. Arrivés sur place, il y a foule. Nous commençons par le petit tour « classique », un sentier qui mène à quelques chutes et points de vues.
Nous pique-niquons en vue de Svartifoss, LA cascade emblématique du parc, puis nous allons la voir de plus près. Alors, oui, c’est chouette cette petite cascade qui tombe entre les orgues basaltique, mais de là à en faire des cartes postales à toutes les sauces et un incontournable, nous restons un peu dubitatifs. En plus, forcément, y’a plein de monde.
Nous repartons donc vers l’ancienne ferme de Sel qui offre une vue panoramique sur la plaine en contrebas. On peut dire que ça manque un peu de relief à mon goût. Mais quelques chevaux islandais agrémentent l’endroit et, avec les ados, nous faisons un peu mumuse avec la clôture électrique…
Finalement, nous revenons vers l’entrée du parc et faisons un petit tour dans le centre d’interprétation. Quelques photos prises aux même endroits à plusieurs dizaines d’années d’écart montrent de façon impressionnante le recul des glaciers locaux. Enfin, il est temps de rentrer puisqu’il nous reste toujours les 7km de retour à parcourir. Le groupe en a plutôt plein les pattes mais nous pouvons tout de même apprécier la vue sur Skaftafelljökull (que nous n’irons pas voir de près) et Svinafelljökull (que nous avons vu de près la veille).
Deuxième réveil à Svinafell : la météo n’est guère encourageante. Avec la pluie qui tombe, personne ne souhaite retourner à Skaftafell pour se faire une autre rando là-bas. La matinée se passe très tranquillement en intérieur. Après déjeuner cependant, j’ai bien envie d’aller me dégourdir les jambes et un petit groupe de filles est motivé. Elles ont demandé au personnel du camping conseil sur une balade et nous coupons donc à travers champs pour tenter de rejoindre encore une autre langue du Vatna : Virkisjökull. Nous partons en suivant le pied de la montagne et les vagues sentes tracées par les moutons dans la végétation. Malgré la pluie persistante, l’ambiance est vraiment sympa.
Et soudain, après une petite heure, nous y sommes, vue sur un grand lac de fonte au pied du glacier, dans un chouette ton sur ton de nuances de gris. L’atmosphère est vraiment impressionnante. Nous nous réfugions un instant dans une petite grotte de glace pour se mettre un tout petit peu au sec (tout relatif).
Nous poussons un peu plus loin et grimpons sur une colline toute noire. C’est un peu casse gueule, la crasse volcanique recouvrant de la glace très glissante qui se rappelle parfois à notre souvenir. La redescente est un peu périlleuse mais les ados sont ravies de l’aventure et aucune de nous ne regrette cette petite expédition. Avec toute cette boue, d’ailleurs, ce qui devait arriver arrive et je me retrouve à devoir porter des peintures de guerre : si je ne me le fais pas de bonne grâce, je sais que je ne pourrai de toute façon pas m’en tirer. Et puis nous sommes toutes logées à la même enseigne…
Pour notre retour au camping, les nuages sont de nouveau tombés bien bas et la pluie ne faiblit pas.
Forcément, à notre arrivée, notre maquillage ne passe pas inaperçu et nous filons toutes rapidement à la douche. La météo restant mouillée toute la soirée, nous passons celle-ci encore une fois tranquillement en intérieur. Le lendemain, notre bus vient nous chercher à l’heure dite et nous quittons les lieux.
Finalement, quel bilan pour cette dernière étape inédite pour moi ? Pour faire simple : j’ai bien aimé. Je n’ai absolument aucun regret que nous ne nous soyions pas arrêtés à Skaftafell en 2011 : à moins d’être partis pour faire l’une des longues randos de 7 à 9 heures qui montent un peu sur les sommets (et qui ne valent sans doute la peine que par beau temps), les petites balades ne valaient pas vraiment l’arrêt. Et le camping-usine n’a aucun charme. Ceci dit par contre, Svinafell, c’est vraiment le petit bon plan sympa. Et les deux balades au langues de glacier de part et d’autre sont très chouettes et extrêmement peu fréquentées. Rien que pour ça, c’était une bonne idée de rester là deux nuits. Et pour les chanceux qui sont motorisés, cela vaut définitivement le coup de dormir à Svinafell quitte à aller à Skaftafell randonner pour la journée.