Fromage et montagne

En juin, profitant d’une invitation à un mariage dans les Alpes, nous avons pris une semaine de vacances (ça aurait été bête de faire l’aller-retour en Haute-Savoie juste le temps d’une fin de semaine). Au programme : randonnée. Plus précisément le tour du Beaufortain, en autonomie (camping+portage de la nourriture pour la semaine) avec les variantes permettant de le faire en six bonnes journées de marche. Une première quinzaine de juin, le temps devrait être avec nous, les pâtures en fleurs, les températures supportables et la fréquentation des sentiers plutôt réduite.

Jour 1 : Queige (590m) – Refuge de la Croix de pierre (1776m)

Arrivés le samedi soir à Beaufort (à temps pour acheter un belle tranche du fromage homonyme), nous avions posé la tente dans un petit camping fort sympathique à quelques kilomètres. Le dimanche, nous décampons de bon matin et allons garer la voiture dans le village de Queige. Nous voici sur le GRP du tour du Beaufortain un peu avant 8h. Il fait plutôt bon et la petite montée de la matinée constitue un bon démarrage. A la forêt de feuillus succède les épineux puis les alpages. Nous croisons ainsi nos première vaches, avec leur clarines : une vraie carte postale !

Après un peu plus de trois heures de marche, nous arrivons à l’endroit où nous avions prévu de passer notre première nuit. Problème : il était prévu que nous y arrivions après 5h de marche seulement. Nous voyant mal nous arrêter l’heure du déjeuner à peine passée, nous décidons de continuer et d’improviser notre étape du jour.

Nous continuons donc notre chemin (avec une belle vue sur le Mont-Blanc) et parcourons finalement, en 7h de marche, ce que le topoguide nous indique pouvoir être fait en 9h30… Énergie du premier jour ou mauvaise évaluation du topoguide ? C’est difficile à dire mais nous sommes en tout cas étonnés. Surtout moi qui, ayant un peu plus l’habitude, sais pertinemment que je suis d’ordinaire plutôt un poil plus lente que les temps indicatifs. Mais, finalement, peu importe : nous finissons par nous arrêtre près du col de Véry, prenons un verre au refuge de la Croix de pierre et plantons la tente à deux pas de là.

Tout de même fatigués par notre journée de marche, nous nous glissons dans nos duvet assez tôt et sommes hélas réveillés vers minuit par un feu d’artifice tiré à une trentaine de mètres de la tente par les occupants du refuge de la Croix de pierre. Nous avons discuté avec eux une partie de la soirée, il savaient que nous dormions là et nous aurions apprécié qu’ils nous préviennent de leurs projets nocturnes…

Jour 2 : Refuge de la Croix de pierre (1776m) – Refuge de la Croix du Bonhomme (2433m)

Nous nous levons tôt et partons sans passer au refuge, toujours fâchés par notre sommeil dérangé en milieu de nuit. Nous entamons une longue transversale qui nous amène sur le domaine des Saisies, au col du Joly. Nous apercevons de loin quelques chamois qui font leurs timides et déguerpissent rapidement derrière les crêtes. L’arrivée près des télésièges n’est pas très belle. C’est un peu déprimant de voir une station de ski l’été, avec toutes ces cicatrices dans la montagne. En même temps, je reconnais quelques pistes où j’ai skié il y a deux ans et demi pour une petite cure de neige

Nous sommes bien content, en fin de matinée, de nous éloigner pour retrouver des paysages moins abîmés. Le plafond nuageux est plutôt bas et nous cache désespérément le Mont-Blanc, pourtant tout proche. Nous subissons quelques gouttes et le vent frais à l’heure du déjeuner mais les conditions météo sont tout de même avec nous : au moins, on ne crève pas de chaud.

Ce matin en partant, notre plan d’étapes ayant été complètement chamboulé par notre avancée trop importante la première journée, nous ne savions pas exactement où nous arrêter pour cette deuxième nuit. La journée passant, nous nous décidons à pousser jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme et commençons sérieusement à envisager de raccourcir d’une journée complète notre tour. Même si nous avançons maintenant grosso modo à la vitesse indiquée par le topoguide, en faisant des journées un poil plus longues que prévues, il nous est parfaitement possible de faire le tour du Beaufortain en cinq jours.

A l’approche du col du Bonhomme, nous passons nos premiers névés. Malgré une année avec un enneigement très faible, les bâtons sont bienvenus (mais les crampons, que nous n’avons pas, n’auraient pas été nécessaires).

Le col passé, les nuages se rapprochent et au moment où les premières gouttes commencent à tomber, nous voici à quelques dizaines de mètres d’un groupe de bouquetins. Nettement moins farouches que les chamois du matin, ils nous passent devant sans trop se préoccuper de notre présence.

Nous finissons par arriver au refuge, au moment ou une petite saucée nous tombe dessus, malgré quelques rayons de soleil qui éclairent les versants qui nous font face.

Le refuge est nettement plus fréquenté que les sentiers que nous avons suivis depuis hier. La raison en est simple : sur une portion d’environ une journée, le GRP du Tour du Beaufortain est commun avec le GRP du Tour du Mont-Blanc, nettement plus connu. L’intérieur du refuge est en bazar : il vient d’ouvrir pour la saison et le matériel n’a pas été encore rangé, à quoi s’ajoutent des travaux d’amélioration en cours. Nous préparons tout de même notre popote sur place et, après dîner, allons planter la tente dans un recoin pas loin.

Jour 3 : Refuge de la Croix du bonhomme (2433m) – Lac de Presset (2514m)

Nous nous offrons une petite grasse matinée en n’émergeant que vers 8h du matin. De toute façon, nous n’aurions pu dormir beaucoup plus longtemps puisqu’un hélicoptère ne tarde pas à apparaître et faire des allers-retour entre la vallée et le refuge, transportant ouvriers et héliportant matériel, nourriture et déchets. Malgré le bruit des palles, nous profitons d’une vue splendide sur ce qui nous attend aujourd’hui. Le gardien du refuge nous ayant confirmé notre première impression : la neige n’est cette année pas un problème, nous décidons de ne pas emprunter la variante du tour que nous avions initialement prévue mais plutôt de nous diriger vers la Combe de la Neuva, semble-t-il beaucoup plus belle et sauvage.

Mais avant d’y arriver, nous débutons par une bonne descente de 700 mètres, que nous devrons ensuite en partie remonter de l’autre côté pour atteindre l’entrée de la combe. Le soleil tape et les paysages sont superbes. Après avoir passé la route qui serpente en bas, nous ne croiserons plus un chat (mais quelques bouquetins encore dans l’après-midi).

Le paysage est vraiment magnifique comme promis, même si nous perdons de vue le chemin pendant un moment ce qui nous oblige à quelques crapahutages un peu fastidieux dans les pierriers.

Enfin, au bout de la combe, le col du Grand Fond approche et se fait mériter, il faut bien l’avouer, par une montée bien raide entre pierriers et névés.

Arrivés au col, la vue est superbe, tout à la fois sur ce que nous avons parcouru dans la journée mais aussi sur notre point de chute du soir, le lac de Presset. Le nuage bas nous empêche toutefois pour l’instant d’apercevoir la Pierra Menta.

Nous descendons au refuge boire un coup et plantons la tente avant dîner, dans un replat abrité par quelques pierres entassées en cercle. Je prends bien soin de choisir un emplacement sec.

Pendant que Nico prépare le dîner sur la terrasse du refuge, un orage de grêle nous tombe dessus. Nous mangeons bien à l’abri et lorsque nous rejoignons la tente pour nous coucher, l’emplacement qui était bien sec est désormais une belle flaque d’eau, avec la tente qui flotte comme elle peut sur la surface. Pas motivés à changer d’emplacement (pour aller où de toute façon ? c’est de la caillasse ou des flaques d’eau partout ailleurs), nous nous décidons à avoir foi en l’étanchéité de notre matériel.

Jour 4 : Lac de Presset (2514m) – Refuge de L’Alpage (2000m)

La nuit fut un peu chaude pour moi, un peu humide pour Nico mais nous ne nous en sortons pas si mal que ça. Et au réveil, nous avons le plaisir de voir un ciel dégagé qui nous offre la vue promise sur la Pierra Menta, qui se reflète dans les eaux calmes du lac, avec en ombre chinoise le refuge : c’est une journée qui commence bien !

La tente et les matelas mouillés fixés comme nous pouvons sur les sacs, nous reprenons le chemin vers le col de Bresson. Passé celui-ci, c’est une ambiance de moyenne montagne qui reprend le dessus avec les chemin d’alpages. La montée vers le col du Coin est toutefois agréable.

Après le col du Coin, nous suivons la route d’alpage et rejoignons de nouveau un sentier pour passer le Cormet d’Arêches puis redescendre vers le lac de St Guérin. J’apprécie largement la pose de midi, ayant les pieds qui commencent sérieusement à chauffer, toutes confortables que soient mes chaussures. Nous profitons également de cet arrêt pour faire sécher nos affaires encore humide et les remballer proprement. Mon sac devient ainsi nettement mieux chargé et confortable à porter, ce qui me soulage momentanément.

Nous continuons notre descente vers le barrage de Saint Guérin où une nouvelle pose est la bienvenue avant d’attaquer les 400 mètres de dénivelé positif bien raides qui nous attendent  pour atteindre notre étape du soir.

Nous finissons par arriver vers 17h et nous retrouvons un groupe que nous avons côtoyé plusieurs fois dans la journée. Tous coureurs de fond, il nous ont cependant nettement devancé sur la fin (ils ont fait en trois quart d’heure la montée finale prévue, et que nous avons faite, nous, en 1h50). Nous dînons tous ensemble sur la terrasse du refuge, pas encore ouvert à cette saison, et nous y installons notre tente, bien à l’abri.

Jour 5 : Refuge de l’Alpage (2000m) – Queige (590m)

Après une bonne nuit, nous nous levons avec, encore une fois, du soleil.

Nous passons sur une petite station de ski mais abordons assez rapidement un coin plus sauvage, sur les versants de la Pointe de la Grande Journée, puis ceux du Mont Mirantin.

Une fois passé la crête de la Roche Pourrie, le gros morceau de la journée et dernière difficulté de notre semaine débute : 1500 mètres de descente pour retourner à Queige. Les 4 jours et demi de randonnée assez intensifs qui ont précédé se font sentir dans les pieds et j’ai besoin régulièrement de m’arrêter pour reposer mes petits petons à l’air libre.

Le temps se couvre en fin d’après midi et, quelques deux cent mètres au dessus de l’arrivée, l’orage nous tombe dessus. Sans réelle possibilité de m’arrêter les pieds à l’air pour les laisser respirer alors qu’une vingtaine de minutes de vrais repos me permettrai de continuer, je laisse Nico terminer seul et venir me chercher en voiture.

La pluie ne s’arrêtera quasiment plus jusqu’au lendemain et tombant par intermittence les jours suivants, nous confortant dans l’idée que nous avons eu, malgré nous, de faire ce tour en cinq jours au lieu de six. Après une demi-journée de repos tranquille à Beaufort, le temps de visiter la coopérative (et de faire le stock de Beaufort d’alpages), nous repartons pour la Haute-Savoie et le mariage qui nous y attend. Nous aurons en tout cas beaucoup apprécié la rando (quelques photos supplémentaires ici) et sommes fin prêt pour remettre ça cet été… en Islande !

3 Comments

on “Fromage et montagne
3 Comments on “Fromage et montagne
  1. magnifique voyage; étant un amoureux de la savoie et haute savoie, je ne peut qu’apprécier vôtre parcourt chez vos amies.

    J’espère que leurs fêtes ce sont très bien dérouler. Puis, bon treap en inslande =)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.