Vendredi matin donc, nous hissons les voiles et repartons vers le nord-ouest, direction le continent. Toujours avec un vent favorable, toujours sous le soleil, ce qui commence presque à être gênant pour moi, je me protège comme je peux. La navigation se passe tranquillement et, en début de soirée, nous avons le plaisir de voir se joindre à nous un groupe d’une bonne douzaine de dauphins qui passe une demi-heure à jouer devant notre étrave. En s’asseyant à la proue, pour un peu ils viendraient chatouiller le dessous des pieds avec leurs ailerons.
Ils finissent cependant par repartir. Alors que nous croyons avoir eu notre dose d’émerveillement pour la journée et que nous sommes tranquillement en train de finir de dîner, je m’écris soudain : « Baleine ! ». C’est un cri du cœur et c’est aussitôt le branle-bas de combat. A quelques dizaines de mètres du bateau j’ai en effet clairement aperçu un dos de rorqual commun. Nous sommes tous les quatre à guetter si, et où, la baleine va réapparaître. Le bruit caractéristique du souffle bruisse dans le sillage du bateau et cette fois-ci nous pouvons tous voir la bête qui semble accompagnée d’un baleineau qui plus est, sans doute la raison d’une réapparition si rapide à la surface. Nous les voyons disparaître et revenir à la surface plusieurs fois avant qu’ils ne s’éloignent vraiment de notre route.
Nous décidons que la journée a été satisfaisante et qu’il est temps d’aller se coucher et se relayer pour les quarts de nuit.
Samedi, le soleil tape vraiment fort et nous subissons quelques heures de pétole complète. L’occasion toutefois de voir plusieurs dizaines de requins, probablement des petits requins pèlerins, se nourrir en surface.
Le vent finit par revenir et pour changer des dauphins nous recevons cette fois-ci, pendant une bonne heure, la compagnie d’un banc de six poissons. Nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur l’espèce (bar/loup de mer ? barracuda ?), mais après des recherches sur internet, j’opterais pour des sérioles (seriola dumerili)
Mais encore une fois la journée n’est pas terminée puisque nous verrons de nouveau un groupe de dauphins qui nous accompagnera une vingtaine de minutes, puis plusieurs baleines, repérées au loin par le geyser de leur souffle. C’est à ce point là que j’accepte d’admettre que la Méditerranée a définitivement certains atouts et que ce n’est pas juste la baignoire que je croyais, en comparaison avec les côtes atlantiques. La nuit tombe et nous mettons le moteur pour rejoindre pas trop tard la baie d’Agay où nous arrivons vers une heure du matin. La météo annonce du mistral et, en effet, le lendemain ça souffle. Trop pour que nous puissions reprendre la mer jusqu’au golfe de Saint-Tropez. Nous passons donc la journée tranquillement afin de nous reposer pour la dernière navigation de retour.
Lundi matin, nous quittons le coffre. Les prévisions annoncent un fort mistral (ce qui signifie théoriquement le vent dans le nez pour nous) mais nous partons avec un vent favorable, quoique variable. St Raphaël passé, la météo théorique reprend ses droits et nous remballons en hâte la grand voile et une partie du génois. L’après midi est sportive (nous avons eu jusqu’à 40 nœuds de vent) mais nous finissons par entrer dans le golfe de Saint-Tropez. Un slalom stratégique entre les yachts de luxe et nous voici enfin au port avant la tombée de la nuit. Nous nous y perdons cependant (un vrai labyrinthe Port-Grimaud !). Les rafales de Mistral étant toujours très forte et la manœuvre délicate, nous décidons de nous amarrer au premier ponton venu et d’aviser plus tard pour retrouver notre emplacement. Le lendemain à cinq heure, le vent est tombé, le port dort encore et nous effectuons le déplacement du bateau vers son emplacement habituel.
Finalement, la semaine aura été très agréable. Je suis revenue fatiguée certes (et le trajet de retour en voiture mardi n’a pas aidé), mais vraiment contente. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas navigué, et encore plus longtemps que je n’avais pas fait de l’habitable, et j’étais bien contente de retrouver les sensations. Toutefois, une barre à roue c’est certes la classe mais c’est bien moins agréable qu’une bonne vieille barre directe.
Super article. Merci beaucoup pour ces infos. Le dauphin est si gentil, si beau, si attendrissant…cet animal est magique.
Cloé