La bagnole c’est pratique et ça permet de voir du pays mais ça ne remplace pas quelques jours sac au dos au milieu de nulle part. Du coup, pour Noël, nous avons réservé sur une Great Walk : le Tongariro Northern Circuit. Comme la plupart des Great Walks, il s’agit d’un grand classique, mais là encore plus puisqu’il existe une rando à la journée, extrêmement fréquentée et ne nécessitant aucune réservation, qui partage quelques kilomètres avec le circuit de plusieurs jours. Après hésitation et tentative d’interprétation des temps de marche indiqués par le DOC, nous avons finalement opté pour une marche de trois jours. Nous aurions probablement pu faire le tour en deux grosses journées, mais vu nos contraintes de temps et de transport, la solution choisie est plutôt satisfaisante.
Jeudi 24 décembre au matin donc, nous nous levons afin d’aller prendre le train à la gare de Papakura. Rien n’indique que notre train passe par là mais nous nous le faisons cependant confirmer par une agente de la gare : une histoire de gare de trains de banlieue opérés par une autre compagnie alors que le Northern Explorer est opéré par KiwiRail. Enfin bref, le train arrive, les bagages sont chargés dans le wagon à bagages et nous nous installons à un carré. Les écouteurs sont fournis et un commentaire audio paysager et touristique est proposé à ceux qui le souhaitent. Je l’écoute la majeure partie du temps et il est vachement intéressant. De temps en temps, je vais faire un petit tour dans la voiture de tête, ouverte à tout vent, pour profiter encore plus du paysage et du train, même si nous sommes plutôt bien installés à notre place.
Nous arrivons à la gare de National Park à 13h20 et je manque d’oublier mes bâtons dans le train. Je les récupère in extremis. Il s’agit maintenant de rejoindre le village de Whakapapa où la rando démarre. Nous marchons quelques minutes pour rejoindre la route principale vers notre destination et, au bout d’une demi-heure, trois sud-africains nous embarquent. Une fois à Whakapapa Village, l’urgence est à la bouffe : nous avons la dalle et commençons donc par un bon pique-nique. Ainsi, nous ne démarrons la marche qu’à 15h10. Le temps est moyen et nous recevons quelques gouttes en chemin. Le sentier est très facile et il y a peu de dénivelé pour cette première journée qui dure en fait à peine plus de deux heures.
Nous arrivons à Mangatepopo Hut avant 17h30, sous une pluie qui commence à forcir. Nous attendons une accalmie pour monter la tente en vitesse et nous réfugions de nouveau dans la Hut. La soirée se passe à papoter dans la salle commune. A noter que le traditionnel « Hut talk » du ranger est très sympa. Il est maori et a à coeur de faire tout son discours en deux langues, anglais et maori, de nous sensibiliser à la culture autochtone et de nous transmettre l’importance que les volcans et les terres alentours ont pour sa tribu.
La météo du lendemain est mitigée. A priori couverte pour le matin et s’améliorant en cours de journée. Nous en déduisons qu’il est inutile de se lever à l’aube pour espérer voir le lever de soleil depuis le Mont Ngauhuroe. Nous ne réglons donc le réveil que pour 7h et nous couchons à 22h.
La nuit a été trop fraîche pour nos sacs de couchage légers et j’ai eu la flemme d’enfiler ma doudoune. Nous voici donc réveillé avant le jour et debout à 6h30. La ciel est complètement dégagé !
Nous ramenons toutes les affaires à la Hut, y compris la tente mouillée que nous secouons un peu avant de la ranger. Nous petit-déjeunons et sommes sur le sentier avant 7h30. Dès que le soleil passe au dessus de la crête, il tape fort et je souffre déjà un peu de la chaleur et de la montée. Ceci dit, aussi mécontents que nous soyons d’avoir cru les prévisions météo et de ne pas être partis plus tôt, le paysage est splendide.
A 9h, nous sommes au pied du Mont Ngauhuroe. Nous laisson les sacs derrière un rocher et entamons l’ascension. Au début, ça va. Mais plus on monte, plus c’est pénible : deux pas en avant, une glissade en arrière. Les pentes du volcans sont faites de sable et de petites caillasses abrasives. Il y a un peu de monde au-dessus de nous, il faut donc faire attention aussi au pierres qui dévalent de temps en temps. Nous avons une petite pensée pour Frodon et son anneau.
Au fur et à mesure de la montée, le ciel se couvre et nous sommes par intermittence dans le nuage, qui nous laisse cependant de belles ouvertures sur le panorama. Nous arrivons finalement au sommet à 10h30. A part une mini fumerolle, aucun signe d’activité mais nous n’oublions pas que les deux volcans voisins ont eruptés l’un en 2013, l’autre en 2015…
Nous grignotons un morceau et redescendons lorsque les nuages obstruent sérieusement la vue. La descente, certes moins pénible que la montée, n’est cependant pas de tout repos. Nous croisons énormément de monde, probablement des randonneurs à la journée sur le Tongariro crossing, qui vont se taper toute l’ascension et ne profiteront même pas de la vue panoramique… Nous retrouvons les sacs à midi.
Avec notre petit détour de trois heures, lorsque nous reprenons le sentier, il est nettement plus fréquenté. Les paysages sont tout à fait volcaniques, pas un brin d’herbe ne pousse, on pourrait se croire en Islande.
Nous nous arrêtons pour déjeuner à 13h au même endroit que 10 autres personnes (nous prenons en fait la place de deux personnes qui s’en vont), sur un petit promontoire où la vue sur les Emerald Lakes est la plus belle. Ça fait un peu cantine avec vue et l’ambiance est sympa. Nous ne restons cependant qu’une demi-heure.
A 13h50, enfin, nous arrivons à la bifurcation qui laisse partir à notre gauche la foule des randonneurs d’un jour et nous descendons doucement à travers un champ de lave.
Petit à petit, la végétation reparaît et nous arrivons à Oturere Hut vers 15h. Pause toilettes, recharge d’eau et nous repartons aussitôt.
Quelques minutes plus tard, nous croisons un couple qui a l’air exténué, probablement parti un peu tardivement de Whakapapa. Ils nous demandent d’un air desespéré s’ils sont encore loin de la Hut. La tentation de leur répondre « Oh, y’en a pour une heure ou deux… » est forte mais nous résistons et leur annonçons qu’ils sont à 5 minutes. Leur soulagement est palpable et nous fait bien rire. Il faut dire qu’ayant déjà marché 7h aujourd’hui, et n’étant pas arrivés nous-même, nous ne sommes plus de première fraîcheur non plus.
Mis à part eux, nous ne croisons quasiment plus personne. Le ciel est encore globalement couvert mais quelques éclaircies animent de temps en temps le paysage qui est de plus en plus fertile : c’est un régal pour les yeux. Le calme environnant rajoute encore à cette ambiance magique. Le sentier est facile, nous subissons juste une dernière montée un peu pénible à travers bois et arrivons au campsite de Waihohonu un peu après 17h.
Nous montons la tente pour qu’elle sèche, déballons les affaires et allons squatter la Hut à quelques minutes de là pour un thé et des biscuits.
Le Hut talk (avec un bon accent néo-zélandais) se fait à 19h, puis nous dînons et bouquinons dans la salle commune jusqu’au coucher.
La nuit est encore très fraîche mais j’avais pris soin, cette fois-ci, de mettre ma doudoune dès le coucher. J’ai donc plutôt bien dormi mais ça a été plus difficile pour Nico. Nous nous levons un peu après 6h, rangeons les affaires et étalons la tente sur la terrasse de la Hut pendant notre petit-déjeuner. La vue n’est pas dégueu, ça donnerait presque envie de voir le Mont Ruapehu nous crachoter un peu de cendre où de lave pour la carte postale.
Nous prenons le départ à 7h15 sous un grand soleil. Malgré l’heure matinale, nous croisons la Hut Ranger qui revient de son footing : y’a pire endroit pour courrir, c’est vrai. Les Monts Ruapehu et Ngauhuroe nous accompagnent toute la matinée. Nous faisons un mini détour pour voir un lac et arrivons à Whakapapa Village à 11h15.
Nous pique-niquons devant le DOC center sans attendre et débutons l’auto-stop à 12h30. Il nous faut en effet maintenant quitter le parc du Tongariro pour rejoindre Jean et Beth à Ohakune où il est convenu que nous retrouvions dans l’après-midi, eux arrivant en voiture depuis Wellington. Après trois lifts et quelques heures d’attente, nous sommes finalement les premier au rendez-vous, à 16h30. Nous mangeons une glace à l’ombre et bouquinons en les attendant.