C’est un été particulier qui prend fin. Alors qu’il aurait du être canadien du début à la fin, les aléas administratifs, et en particulier des délais inattendus dans l’obtention de nos permis de travail, nous ont amenés à des allers retours transatlantiques non prévus. Mais, si l’on excepte un gros mois de juillet passé en France à attendre, nous avons donc tout de même passé un peu de temps là où il était prévu que nous le passions.
Nous avions choisi de nous réétablir à Montréal pour quelques aspects bien particulier de la qualité de vie offerte ici : rythme de vie tranquille, avantage d’une grosse ville mais proximité de la nature, logements plus grands et plus abordables… Nous avons donc mis toutes les chances de notre côté pour faire de ce nouveau départ un départ agréable et réussi. Pour cela, nous nous en sommes tenus au plan initial : trouver un appart agréable avec cour ou jardin et, surtout, passer tant que possible nos fins de semaine à explorer les alentours proches ou moins proches.
Dès début juin, la question du logement a été réglée en trois jours. Mais, avant de devoir retourner quelques semaines en France, nous nous sommes obligés à une escapade aux abords du lac Memphrémagog et du Parc National du Mont Orford. Location d’un petit voilier sur le lac, balade sur un sommet, visite à la fromagerie de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, retour par les routes de campagne, temps presque beau : ce fut une première sortie réussie.
A notre retour « pour de bon » début août, nous étions donc forcément un peu frustrés de voir l’été déjà si avancé sans avoir pu faire les sorties natures que nous avions espérées. Nous avons donc mis les bouchées doubles pour rattraper notre retard.
Je n’étais jamais allée au Parc National de la Mauricie, alors que j’en avais entendu grand bien, ce fut donc notre première destination, kayak dans le coffre. A peine celui-ci chargé et mis à l’eau que nous nous sentions déjà loin de tout.
Dans les impressions de cette fin de semaine, en vrac : ciel qui se découvre petit à petit, pas grand monde et, en prime, un monarque qui virevolte pour saluer notre passage, malgré l’humidité et la chaleur, que peu de moustiques pour nous taquiner au campement d’arrière-pays le soir, un coucher de soleil parfait pour assurer le spectacle à l’heure du souper, un réveil par quelques rayons de soleil traversant la frondaison, les cris et la silhouette d’un huard sur le chemin du retour, des grenouilles et crapauds à foison pour animer les herbes hautes sur notre passage, un tamia qui prend la pause pour grignoter son casse-croûte… Finalement, le sentiment d’enfin profiter de ce que nous attentions depuis maintenant quelques mois.
Deux semaines plus tard, rebelote avec un lundi férié pour cause de fête du travail. Nous avions décidé d’aller voir les baleines, c’était un peu notre dernière chance de l’été. Direction donc le fjord du Saguenay avec un départ vendredi après-midi. Parce que tout ne peut être parfait, nous ne pouvions échapper aux ralentissements à la sortie de Montréal. Malgré tout, nous avons réussi à pousser jusque Saint-Siméon pour y dormir au camping sur la rive du Saint-Laurent. Dès le samedi matin, nous étions donc prêts pour faire sagement nos activités touristiques : balades le long du fjord, mettre le kayak à l’eau pour un petit tour à l’Anse Saint-Jean, rebalade avec panorama à Rivière-Eternité avant d’y poser la tente pour la nuit. Là encore, avec le sentiment d’être bien chanceux vu la météo idéale.
Le dimanche, pas mal de route panoramique afin de faire le tour du fjord. Arrêt principal obligé à Baie-Sainte-Marguerite avec l’espérance (satisfaite) d’y observer des belugas si furtivement aperçus en 2008. Et puis plutôt que de se diriger vers la très fréquentée Tadoussac, nous avons opté pour du camping aux Grandes Bergeronnes.
Le Paradis Marin est certes très achalandé mais dans une ambiance très tranquille et, surtout, avec vue directe sur le parc marin. Une tentative de kayak avec les baleines s’est soldée par du kayak tout court mais compensée par le réveil du lundi matin. Forcément, brouillard épais oblige, une corne de brume régulière et insistante sur le fleuve nous a tous réveillés sur les coups de 5h30/6h. A 6h30, on peut raisonnablement dire que la moitié du camping se trouvait bien installée sur les rochers à siroter son café chaud et, surtout, à regarder en silence apparaître et disparaître les dos de cétacés à quelques mètres du rivage.
Parce que nous avions prévu de prendre le ferry afin de traverser le Saint-Laurent, nous avons fini par quitter le spectacle pour rejoindre Les Escoumins. La traversée, passée à discuter avec un jeune couple de français, a également été agrémentée de quelques belugas et des piqués si beaux des fous de bassan.
Nous ne voulions pas rentrer directement et si tôt à Montréal alors nous sommes allés faire un détour par le Parc National du Bic. Je ne le connaissais pas mais je voudrai certainement y retourner. Un petit coin de paradis entre forêts, plages et îles, avec un certain nombre de phoques se prélassant sur les rochers : nous n’y avons fait qu’un rapide tour à pieds mais l’idée d’explorer les recoins en kayak est plus que tentante.
Autre fin de semaine, autre destination : le Vermont était également pour moi encore un territoire inexploré. Malgré un passage de la frontière un peu long, cela reste une destination très accessible depuis Montréal, même pour deux jours. C’est ainsi que nous avons, par un samedi de septembre digne d’une canicule estivale, grimpé les quelques centaines de mètres de dénivelé menant à la crète du Mont Mansfield, depuis le Hunderhill State Park. Quelques couleurs d’automne à peine visibles et une brume atmosphérique assez dense n’ont pas gâché le plaisir de randonner avec un paysage de montagne s’étendant à 360° et jusqu’à perte de vue. La soirée au campement à cuisiner sur le coin du feu tout comme la voûte étoilée se devinant à travers les feuillages n’ont rien fait non plus pour entamer notre sentiment d’être bien chanceux.
Le dimanche, nous avons senti un peu les muscles des jambes qui tiraient de notre grimpette de la veille. Nous n’avons cependant pas renoncé à remettre le couvert, un peu plus modestement cependant, sur un petit sommet de la Putnam State Forest. Et, pour prolonger encore un peu cette sensation d’être en vacances, nous avons conclu la journée par une balade en bord du Lac Champlain à Burlington et, surtout, par une bonne glace, avant de reprendre la route du retour.
Semaine suivante, rebelote avec une météo digne du coeur de l’été. Cette fois-ci, direction un grand classique du genre avec une famille d’amis pour une escapade camping tranquille au Mont-Tremblant. Petite balade, chamallows au feu de bois, nuit étoilée et tour en canot : une fin de semaine québécoise typique et bien agréable encore une fois.
Mais, et la vie montréalaise dans tout ça ?
Et bien elle suit son cours de façon tout aussi agréable que ces fins de semaines variées. Même si il m’a été un peu difficile, notamment en raison des contraintes de l’installation et de la grosse coupure involontaire, de me remettre à ma recherche d’emploi, j’ai repris un rythme plus actif de ce côté là. Même si les proches restés en France nous manquent forcément, nous ne manquons pas de vie sociale. Et même si nous étions bien installés à Paris, il faut avouer qu’être tout à la fois à deux pas des commodités et d’un des grands parcs de la ville, et en plus avoir une cours extérieure, rend la vie particulièrement facile.
Je ne me lasse ainsi pas de prendre mes petits-déjeuner en terrasse au soleil matinal. Les températures commencent à peine à fraîchir, marquant la fin de l’été. Les papillons et les écureuils continuent à ma rendre visite. Je regarde l’érable gagner en rouge et perdre en vert et, en sirotant mon chocolat chaud, j’attends presque avec hâte l’automne et ses couleurs. Je sais qu’elles sont proches car, sans même avoir besoin de lever les yeux, j’écoute passer les oies qui prennent la route du Sud…
Beau papillon.
Je trouve aussi 🙂
Il s’agit d’une Belle-Dame d’ailleurs (et pas d’un Monarque comme certaines personnes l’ont cru à Montréal) et il y en a eu énormément en début d’automne en raison des températures très clémentes.