Le chômage a ceci d’appréciable que j’ai pu, cette année, reprendre des activités abandonnées depuis longtemps, en particulier l’animation. Quand, en avril, un copain a commencé à me parler d’un camp itinérant avec des ados en Islande, j’avoue que je me suis sentie tentée. Et même un peu plus puisque j’ai rapidement accepté. 18 jours en juillet, 3 animateurs pour 18 ados, camping et autonomisation des jeunes, un séjour plutôt orienté plein air et pas gladouille, franchement, ça sonnait bien à mes oreilles. Et bien je n’ai pas regretté. Bien sûr, presque trois semaines sur le pont, sans jour de congé, ça fatigue. Mais avec un bon groupe, une équipe sympa et malgré la météo peu clémente, j’en ai clairement profité.
Forcément, le séjour ne pouvait ressembler à celui que nous avions passé en 2010, entre Laugavegurinn et tour de l’île. Cependant, je suis repassée dans quelques lieux connus et explorés et j’ai pu découvrir des endroits trop rapidement passés en 2010. Un bon complément en quelque sorte.
Reykjavik déjà. J’étais restée sur l’impression, que je savais illusoire, qu’il faisait toujours beau et se passait toujours quelque chose dans la capitale islandaise. Bon, ben l’illusion a disparu. Il fait moche et ne se passe pas grand chose à Reykjavik. Forcément, j’exagère un peu mais nous n’avons pas été très chanceux avec les conditions météo. A notre arrivée, nous ne sommes restés qu’une journée à Reykjavik, pour faire les courses et préparer un peu le début du séjour avec les jeunes. Et il faut bien dire que, le weekend, pas grand chose n’est ouvert et en l’absence de festival, il n’y a pas grande animation.
Nous sommes tout de même tombés sur quelques vikings qui se mettaient dessus dans un parc du centre-ville.
Nous en avons aussi profité, à la demande des ados, pour visiter le musée d’histoire nationale. Une belle exposition permanente présente sur deux étages l’histoire de l’Islande jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Si on excepte le brusque passage de la tutelle norvégienne à la tutelle danoise sans savoir trop comment, tout est vraiment bien présenté et expliqué.
A notre retour, après avoir bouclé la route 1, nous avons passé deux jours à Reyjkavik, sous un ciel grisouille de nouveau. Une matinée a été occupée par une croisière d’observation des baleines et l’après-midi avant d’aller à l’aéroport à trempouiller au Blue Lagoon. Pour le reste, balade et shopping de souvenirs pour les ados.
Concernant la croisière aux baleines, ce fut mieux que ce que je craignais. En 2010 en effet, nous étions revenus un peu écoeurés du non respect des animaux. Cette fois-ci, la compagnie choisie affichait fièrement son éthique dans sa brochures et sur son site internet et, il faut bien l’avouer, ce fut nettement mieux de ce point de vue là. Nous n’avons vu que des rorquals communs mais en prenant le temps de les observer se nourrir sous une nuée d’oiseaux, ainsi que quelques dauphins venus faire leur show. Une sortie sympa, donc.
Pour le Blue Lagoon, soyons francs : c’est un truc à touristes. Et touristes fortunés qui plus est. Alors que toutes les piscines d’Islandes coûtent moins de 5€ (et encore, pour les plus chères), offrent des bains de différentes températures, des piscines, des jets, des hammam et des saunas, le Blue Lagoon coûte un bras (35€ minimum) et n’offre qu’un bassin unique. Mébon, c’est un joli bassin naturel au milieu d’un champ de lave, auquel la silice donne une couleur bleutée particulière. Et puis il est possible de s’y tartiner de boue, aussi. Et de boire un coup en restant dans l’eau (très bon le jus carotte/orange/pomme/gingembre, d’ailleurs). Enfin voilà, c’est très sympa, sans aucun doute, mais ça ne vaut certainement pas le prix prohibitif. De plus, pour casser encore un peu le mythe : l’eau du Blue Lagoon est en fait recyclée de l’usine géothermique juste à côté. Ceci dit, passer un petit moment là avant de rejoindre l’aéroport pour prendre l’avion de nuit ne fut pas désagréable.
Outre Reykjavik et puisque nous avons fait le tour de l’île, nous sommes donc également repassés dans quelques endroits déjà vus pour moi, des classiques : le cercle d’or avec Þingvellir, Gulfoss et Geysir, des villes étapes comme Höfn ou Akureyri, des petits spots touristiques tels que Vík et sa falaise aux macareux, Skógar et sa cascade, Jökulsárlón et ses icebergs… J’ai bien entendu apprécié tous ces endroits même sans l’émerveillement de la découverte.
Cependant, de tout ce séjour est resté un petit sentiment mitigé. L’Islande désertique, les grands espaces inexplorés et inhospitaliers, les trésors cachés sauf aux quelques aventuriers prêts à poser le pied sur ce sol lunaire, elle est où ? D’accord, on ne peut pas dire que nous étions seuls en 2010 à visiter l’Islande. Même Laugavegurinn était déjà une autoroute. Mais là, on a le sentiment que les hordes de touristes envahissent de plus en plus et que ce n’est pas pour le meilleur. En 2010, je m’étais fait piquer ma serviette de toilette dans un camping. Je peux laisser le bénéfice du doute, peut-être était-ce simplement quelqu’un s’étant trompé. Cette fois-ci, nous nous sommes fait piquer un caddie complet de bouffe au camping de Reykjavik. Oui, voilà, quelqu’un est venu nous voler 21 petits-déjeuners. Et il y a peu de chance que ce soit un autochtone. Il s’agit probablement de touristes, français encore plus probablement. Outre que c’est fort désagréable de se réveiller et de découvrir ça, c’est, je crois, assez sympatomatique d’un pays qui va découvrir bientôt que la manne touristique vient aussi avec un certain nombre de désagréments si elle n’est pas correctement gérée. Visiblement, le débat commence d’ailleurs à émerger sur place : sites majeurs en passe de devenir payants, enquête auprès des touristes sur leur expérience de visite, dégradations environnementales, etc. En attendant, la plupart des sites sont encore en accès « sauvage », dans le sens négatif du terme : parking n’importe comment, cahute à frite qui défigure les lieux, absence de poubelles, etc. C’est charmant lorsque c’est le signe d’un territoire vierge que seuls quelques privilégiés viennent découvrir, c’est inquiétant lorsque l’Islande devient une destination de tourisme de masse, avec chaque jour de nouvelles liaisons low cost qui se développent.