Skye trail, s’il ne pleuvait pas je ne m’y retrouverais pas

Lundi 10 avril – Duntulum/Flodigarry

La nuit a été plutôt pourrie, je me suis beaucoup réveillée par intermittence et, pour de bon, très tôt. Je me lève finalement vers 7h. Je profite d’une fenêtre de la salle à manger pour prendre mon petit-déjeuner face au rayon de soleil qui illumine le petit port.

Malheureusement, nous sommes en Ecosse et le ciel finit forcément toujours par se couvrir. C’est donc sous une grosse flotte que j’attends le bus de 9h10 qui me dépose à Duntulum une heure plus tard. Avec moi descend un autre type en petit équipement léger et qui prévoit de courir le Skye Trail en deux jours. Nous rebroussons tout deux chemin sur quelques centaines de mètres de route et, tandis que lui prend vers le Sud, en direction des crêtes, je tourne plein Nord à la cabine téléphonique toute britannique qui sert de point de repère du début du trail.

Au début, une petite averse avec vent de face me rafraîchit nettement mais elle se calme assez vite. Le temps ne fait ensuite que s’éclaircir jusqu’à n’être que grand soleil. J’ai droit à quelques superbes vues sur la mer et le sentier est plutôt facile. Il faut bien entendu faire gaffe à quelques passages boueux mais je garde les pieds secs.

Après une heure, j’enlève la polaire. Après 2h, je fais même tomber le poncho de pluie !

Je ne croise absolument personne, mis à part un couple qui a passé la nuit dans le mini bothy qui fait face à la pointe nord de l’île. J’avais envisagé d’y rester aussi mais avec mes péripéties de transport, cette idée est passée à la trappe.

Je m’offre ma pause déjeuner à 13h10, adossée aux ruines d’un ancien radar (en remettant le poncho, y’a tout de même un petit vent frais) pour une petite demi heure. Pour me tenir compagnie, un mouton et un oiseau assurent le spectacle sur fond de mer bleue et de falaises noires. Puis, c’est reparti, toujours le long de beaux à-pics basaltiques et toujours les pieds secs.

J’arrive à l’auberge de Flodigarry vers 14h30. Il n’y a personne à la réception mais un papier sur le volet indique qu’il reste a priori des lits. Je me pose donc dans la salle commune en me faisant un thé et en bouquinant. A 17h, je m’enregistre (il ne restait pas tant de lits que ça, d’après ce que je comprends, j’ai eu du bol).

La soirée se passe à lire, discuter avec d’autres hôtes et dîner. Je me couche à 22h, la dernière de ma chambrée.

Mardi 11 avril – Portree/Storr

Vu la météo qui depuis quelques jours s’annonçait mauvaise avec constance, j’ai décidé de ne pas faire la Trotternish Ridge aujourd’hui. 30km de crête exposée avec pluie battante et fort vent ne me paraît pas une bonne idée. Mon idée brillante est bien différente : échanger les étapes 2 et 3 du Skye Trail et les faire à contre-sens, et ainsi quand même camper à Old Man of Storr ce soir comme prévu initialement. C’est clair ?

Un couple de français de l’auberge m’embarque donc en voiture et me dépose à Portree à 11h. Après un petit arrêt aux toilettes publiques, c’est parti, sous la pluie, à remonter le long de la côte. Le temps n’est pas beau, mais rien d’insurmontable : j’avance bien, la visibilité est bonne et la pluie, pas si forte que ça, ne semble pas un défi trop grand pour mon pantalon imper’ et mon poncho.

Après une petite heure de marche, alors que le sentier remonte sur les falaises, je réalise qu’il y a en fait beaucoup de vent, c’est juste qu’il vient de l’Ouest et que sur mon petit chemin au bord de l’eau, j’en était jusque là bien protégée. A tel point par exemple que si je tourne la tête pour lui faire face, je ne peux plus respirer… J’avance, en me maintenant à distance respectable du sentier (et donc de la falaise) pour éviter qu’une rafale ou une autre ne me fasse faire un plongeon malvenu. Petit à petit, il me vient à l’esprit que ma brillante idée d’inversion/retournement d’étapes était en fait un peu con et qu’il faudrait simplement que je fasse demi-tour et je déclare forfait pour aujourd’hui. Sauf que, avec le vent, ce n’est pas envisageable. Physiquement, je pense que ce ne serait pas possible et potentiellement encore plus dangereux que d’avancer, d’autant plus que j’ai du parcourir déjà un tiers, voire plus, du chemin. Je suis un poil inquiète sur mes plans camping de la soirée… Le fait que je sois, bien entendu, trempée des pieds à la tête n’est pas fait pour me rassurer. Pour ne rien arranger, je ne vois pas à 50m et ne suis pas complètement certaine d’être sur le bon chemin. J’ai la flemme de sortir le téléphone, et un peu la crainte de ne le noyer, surtout, pour une confirmation GPS.

Je me vautre sur le sentier boueux une ou deux fois, ce qui me permet de m’apercevoir que j’ai perdu ma petite gourde à l’extérieur de mon sac, sans doute depuis un moment déjà. Avec le vent et le poncho qui claque, je n’ai rien senti, rien entendu. Sur un de ces petits vautrages je manque également de perdre ma carte (♪ my déjà-vu ♪).
J’ai à peu près atteint le fond du trou au moral.

En conséquence, après ça, les choses ne peuvent que s’améliorer. Je prends la décision d’abandonner tout projet de bivouac et de plutôt retourner à l’auberge de Flodigarry. Ainsi, je ferai demain les crêtes dans le bon sens. Les choses étant éclaircies, le moral remonte.

Il pleut toujours autant mais la visibilité s’améliore un peu et je profite plus de l’instant présent : je suis toute seule, au grand air, je vois où je suis à peu près et être mouillée ne m’empêche pas d’être vachement contente de mon sort. J’arrive à voir que je ne suis absolument pas perdue, que j’ai suivi à peu près la bonne trace et où se trouve le passage prévu pour redescendre un peu de ma falaise.

Enfin, à 15h, je suis au parking de Old Man of Storr. Après environ 30 secondes à lever le pouce, un monsieur du coin m’embarque et fait même un détour de son trajet pour me déposer à l’auberge.

Où il n’y a plus de lit de libre. Zut.

J’appelle celle de Portree, qui est également complète, comme toutes celles de l’île me dit-on. La nana de l’accueil me propose de planter la tente ici. Pas vraiment le choix, j’accepte cette offre à 9,50£. Je suis frigorifiée et peu importe où je dors tant que je peux squatter au chaud dans l’immédiat. Je mets mes affaires dans la dry room, et déjeune enfin (parce que oui, j’ai pris du plaisir dans la pluie et le vent, mais pas au point de m’arrêter manger) en discutant avec l’anglaise arrivée quelques minutes avant moi. Elle en profite pour se dénoncer : c’est elle qui a pris le dernier lit disponible.

Comme la veille : discussion, bouquinage, thé. Je ne vais planter ma tente (le premier montage pour ce magnifique modèle homemade !) que vers 19h30 quand il pleut moins. L’installation se passe bien, je suis contente.

Et dans la série autocongratulation, je suis également assez fière de répondre, aux différentes personnes s’intéressant à mon sac à dos : « Well, yes, I made it myself ». En toute immodestie, il fait son petit effet.
Après un dîner tardif, je suis au lit à 22h.

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