Tout avait commencé en 2010, lorsqu’au boulot j’étais tombée sur le calendrier des activités natures du Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie. J’avais découvert les joies de la construction de crapauduc. J’avais fait mes BA, procédant aux relevés de semaine en semaine…
En 2011, j’avais remis ça avec grand plaisir, pour une saison qui m’avait semblé courte mais qui avait été un très gros succès : plus de 14000 bestioles avaient traversé la route grâce à nous !
Pleine d’entrain encore, je m’y étais remise en 2012, pour une saison plus mitigée, jamais assez longue à mon goût mais toujours bien agréable.
En 2013, je ne pouvais manquer le RV. D’autant plus que je le savais être le dernier pour moi, puisque que je ne serais plus dans le Sud de l’Aisne en 2014. J’attendais donc avec impatience la saison des crapauds, comptant bien en profiter au maximum.
Mi février. Nous voilà donc, comme chaque année, à nous peler les fesses dans la boue pour installer le dispositif. Grande nouveauté cependant : pas une seule goutte de pluie, ce qui a rendu le pique-nique/dégustation des spécialités culinaires des uns et des autres nettement plus agréable. Je dois avouer en tout immodestie que mes muffins chocolat blanc/thé vert ont fait leur petit effet (une fois que j’ai rassuré tout le monde sur le fait qu’il ne s’agissait pas de space cakes…). L’installation est bien rodée et nous sommes de plus en plus nombreux chaque année donc en début d’après-midi tout est fait, avec soin et amour.
Comme je suis une maline (hé hé…) et que je n’ai pas envie de me déplacer sur le crapauduc les matins où il n’y a rien, je me suis inscrite pour faire les relevés dans les dates où, habituellement, il y a le pic de passage, c’est-à-dire les 3 week-end à partir du 9 mars. Normalement, je devrais avoir ainsi au moins quelques milliers sur plusieurs matinées. C’était sans compter sur la météo capricieuse de cette fin d’hiver.
Habituellement, les crapauds sont en majorité (d’où le terme familier de crapauduc), viennent ensuite les grenouilles, toutes espèces confondues et, enfin, les tritons. Mon premier weekend, j’ai du avoir moins de 20 crapauds, pour quelques dizaines de grenouilles et plusieurs centaines de tritons, du jamais vu ! Je connaissais les seaux grouillants de crapauds et je découvre les seaux grouillant de tritons.
Équilibre des espèces tellement bizarre que, alors que chaque année ce sont les crapauds mâles qui ont tendance à étouffer les grenouilles rousses de leurs ardeurs amoureuses, j’ai eu droit à un mâle grenouille défiant un crapaud pour les faveurs d’une femelle crapaud.
Mis à part ça, un bon petit weekend donc, même si, bien entendu, les crapauds m’ont manqué. J’espérais bien qu’il seraient au RV plus tard.
Semaine suivante, me voici donc de nouveau avec mes bottes le samedi matin. Il gèle et il y a de la neige. Pas la peine de préciser que le relevé à été nul : une dizaine de tritons et une grenouille (ce qui est presque étonnement beaucoup vu le temps), alors que d’habitude la deuxième quinzaine de mars est la plus chargée. Le dimanche matin verra cependant une grosse centaine d’individus traverser par mes soins, absolument aucun crapaud encore.
Dernier weekend de mars et également dernier weekend où je suis inscrite pour les relevés, je suis encore pleine d’espoir (en fait pas vraiment puisque c’est un de mes collègue qui a fait les relevés en semaine et donc je sais qu’il n’y a pas grand chose qui passe). Il n’y a rien de catastrophique mais, encore une fois, il n’y a pas foule. On doit arriver à une grosse centaine d’individus tout au plus.
Et voilà, ma saison devrait être terminée et alors que d’habitude nous en sommes à près de 9000 individus sur la période, là nous atteignons péniblement les 3000. Ô tristesse. Finirais-je donc ma vie de crapauphile sur ce triste score ?